jeudi 17 janvier 2013

Hebdo 39 - Internet : la montée en débit des zones délaissées se fait attendre....

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Hebdo 39 – Dole-Auxonne – Lundi 14 janvier 2013

Internet: des zones délaissées
Abergement-la-Ronce et Villette-lès-Dole ont été choisies, avec Beaufort et Gevingey,
comme communes pilotes parle Conseil Général pour ses premières opérations
d'installation de la fibre optique. Les habitants devraient être raccordés avant la fin de l'année.
Si toutefois les opérateurs daignent enfin se pencher sérieusement sur la question ...

Une "fracture numérique" inacceptable. C'est en ces termes qu'en 2008 (déjà), le Conseil Général dressait un alarmant constat quant à la situation actuelle du département avec ses nombreuses zones blanches.

Puisqu'au contraire, l'écart continue de se creuser entre les zones urbaines et rurales.

Il faut dire que ses prédécesseurs, alors du camp d'en face, ont échoué avec flagrance sur ce dossier.
Peut-être plus pour longtemps car le Président du département, Christophe Perny, l'a affirmé en personne lors de ses voeux, jeudi soir dernier:
"Sur le numérique, où il y a une vraie attente, nous avons la volonté que 2013 soit l'année où les choses se mettent (enfin) concrètement en place".
Et cela, les milliers de juras­siens toujours privés d'un accès à internet "normal" s'en souviennent parfaitement. ..

Les Maires sous la pression de leurs administrés.
C'est ce qu'il a été possible de vérifier dernièrement lors d'une réunion publique ayant eu lieu en mairie d'Abergement-la-Ronce où une bonne cinquantaine de personnes étaient présentes. Les invectives de l'assistance fusaient alors.

"Le Conseil Général s'était engagé par écrit à ce que la quasi totalité du Jura ait accès à l'internet haut débit au cours de l'année 2009. Aujourd'hui nous n'avons toujours rien! Du 512k étendu pour les plus chanceux, du 56k pour la majorité".
Et les abergeois, remontés, d'évoquer en choeur la création d'un collectif: "Si nous devons monter au créneau, nous le ferons. C'est une question d'égalité pour nos enfants et petits-enfants qui ne peuvent pas réaliser leurs recherches et leurs devoirs comme leurs camarades des communes voisines".

Le Maire, Jean-Louis Bouchard, listait alors son historique des courriers échangés, depuis 5 ans, avec le Conseil Général. Assurant « que ce dossier est prioritaire, mais que l'on ne voit toujours rien venir », le premier magistrat terminait son intervention en martelant « nous aurons la fibre en 2013 » et précisait pour ce faire, qu'une enveloppe de 150.000 euros avait été allouée au Conseil Général, "pour faire accélérer les choses".

Une volonté d'avancer partagée également par Christian Chambard, 3ème adjoint à Villette-lès-Dole, chargé plus spécifiquement de ce dossier. Lequel se veut un peu plus incisif sur "l'inertie administrative".
"Ca dure depuis des années. On nous balade ! On nous a promis l'installation d'une armoire répartitrice pour amener la fibre optique mais il n'y a toujours rien de concret.
Au Conseil Général, on nous répond que "le dossier est à l'étude" depuis janvier 2012 !
Il faut un an d'étude pour installer une armoire?
C'est incompréhensible !
Nous avons dans notre village des entrepreneurs, des artisans, des parents d'élèves qui me demandent presque chaque semaine où en est-on.
Du coup, je ne sais plus quoi leur répondre ... " explique-t-il, fataliste mais toujours déterminé à apporter à sa commune, "simplement un débit internet convenable".

"C'est assez frustrant de rester dans notre situation lorsqu'on sait que la fibre optique passe à quelques centaines de mètres, au rond-point de Parcey ...

Morceaux choisis...
Des interrogations auxquelles le premier élu jurassien, Christophe Perny en personne, apporte tout de suite réponse.
Rassurant, celui-ci reconnait "quelques cafouillages avant nous" mais se dédouane des retards accumulés précisant que désormais, la balle est dans le camp de France Télécom.

"Nous avons pris le temps d'une intense réflexion par rapport aux options techniques afin d'offrir un service de qualité et suffisamment performant aux jurassiens.
France Télécom a maintenant tous les éléments pour se mettre au travail! Je ne vois pas ce qu'ils attendent...".

Sur le plan purement administratif, effectivement, la délibération a été voté en Juin 2012, les crédits ont, par ailleurs, été inscrits au budget (200.000 euros par commune pilote). Dont acte.

"Ensuite, pour les autres, nous appliquerons des solutions chirurgicales, selon les particularités de notre territoire. Satellite ou fibre optique, nous aviserons.

Cela dit, l'Etat doit nous apporter son soutien (50%) si l'on veut pouvoir respecter l'objectif du très haut débit pour tous, d'ici 2022".

Pour Pascal Minguet, Vice-Président de Net-Iki, association née du collectif de lutte contre le bas débit créée en 2007 à Biarne et Jouhe, "il y a urgence !"

"Que les collectivités locales mettent enfin les mains dans le cambouis pour nous apporter l'internet haut débit c'est bien, mais ce n'est pas à eux de le faire.

Les grands opérateurs privés mettent en concurrence les départements entre eux. C'est un peu comme si l'on finançait des autoroutes (privées) pour aller chez les particuliers ... ".

Selon le consultant, spécialiste du numérique et des nouvelles technologies, les emplois de demain passent par l'internet. "On le voit notamment aujourd'hui avec la e-santé, la e-médecine, l'éducation.

Même les agriculteurs doivent faire leurs déclarations par internet.

Mais il faut agir vite!
Sinon dans quelques années, on aura des déserts dans le Jura. L'argent, on l'a si on le veut vraiment...".

Sans compter que l'installation de la fibre optique ne coûterait pas plus d'un euro le mètre.

Enfin, Serge Dentan, interlocuteur de France Télécom auprès des collectivités territoriales, s'étonne de l'impatience dont semble faire part l'ensemble des protagonistes.

"Je sais qu'il y a une volonté du département jurassien de montée en débit, et des projets d'investissement en cours, nous avons d'ailleurs des rencontres régulières avec l'équipa du Conseil Général.
Mais la réalisation pratique effective devra encore attendre.
Tout simplement, puisque les consultations sont encore en cours. Tout comme les études techniques. Tant que les appels d'offres ne sont pas officiellement lancés et que les délais ne sont pas respectés (l'ARCEP nous y contraint) nous ne sommes pas (encore) concernés. En revanche, je vous affirme que nous disposons du savoir-faire technologique pour rapidement intervenir et solutionner cette problématique ... ".

Contractuellement, depuis sa privatisation, le groupe France Télécom n'est pas tenu d'amener obligatoirement internet. chez ses abonnés, Seul le téléphone fixe est "dû".

Le serpent semble donc se mordre la queue ...
Espérons que cette mise en lumière d'échos contraires émanant des principaux décideurs du dossier apportera un peu d'avancée sur ce "casse-tête".
Et par là même, un véritable dénouement de la situation actuelle qui semble engluée dans les méandres juridico-technocratiques.
Pendant ce temps-là, des milliers d'abonnés attendent toujours devant leur écran, un accès' leur permettant de bénéficier des technologies numériques au même niveau (débit) que leurs voisins des villages environnants.

Pour encore combien de temps? 

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