Hebdo 39 – Dole-Auxonne – Lundi 14
janvier 2013
Internet:
des zones délaissées
Abergement-la-Ronce
et
Villette-lès-Dole ont été choisies, avec
Beaufort et
Gevingey,
comme
communes pilotes parle Conseil Général pour ses premières
opérations
d'installation
de la fibre optique. Les habitants devraient être raccordés avant
la fin de l'année.
Si
toutefois les opérateurs daignent enfin se pencher sérieusement sur
la question
...
Une "fracture numérique"
inacceptable. C'est en ces termes qu'en 2008 (déjà), le Conseil
Général dressait un alarmant constat quant à la situation actuelle
du département avec ses
nombreuses zones blanches.
Puisqu'au contraire, l'écart continue de se creuser entre les zones urbaines et rurales.
Il faut dire que ses
prédécesseurs, alors du camp d'en face, ont échoué avec flagrance
sur ce dossier.
Peut-être plus pour longtemps car
le Président du département, Christophe Perny, l'a affirmé en
personne lors de ses voeux, jeudi soir dernier:
"Sur le numérique, où il
y a une vraie attente, nous avons la volonté que 2013 soit l'année
où les choses se mettent (enfin) concrètement en place".
Et cela, les milliers de
jurassiens
toujours privés d'un accès à internet "normal" s'en
souviennent parfaitement. ..
Les Maires sous la pression de leurs administrés.
C'est ce qu'il a été possible de
vérifier dernièrement lors d'une réunion publique ayant eu lieu en
mairie d'Abergement-la-Ronce où
une bonne cinquantaine de personnes étaient présentes. Les
invectives de l'assistance fusaient alors.
"Le Conseil Général s'était engagé par écrit à ce que la quasi totalité du Jura ait accès à l'internet haut débit au cours de l'année 2009. Aujourd'hui nous n'avons toujours rien! Du 512k étendu pour les plus chanceux, du 56k pour la majorité".
Et les abergeois, remontés,
d'évoquer en choeur la création d'un collectif: "Si nous
devons monter au créneau, nous le ferons. C'est une question
d'égalité pour nos enfants et petits-enfants qui ne peuvent pas
réaliser leurs recherches et leurs devoirs comme leurs camarades des
communes voisines".
Le Maire, Jean-Louis Bouchard, listait alors son historique des courriers échangés, depuis 5 ans, avec le Conseil Général. Assurant « que ce dossier est prioritaire, mais que l'on ne voit toujours rien venir », le premier magistrat terminait son intervention en martelant « nous aurons la fibre en 2013 » et précisait pour ce faire, qu'une enveloppe de 150.000 euros avait été allouée au Conseil Général, "pour faire accélérer les choses".
Une volonté d'avancer partagée également par Christian Chambard, 3ème adjoint à Villette-lès-Dole, chargé plus spécifiquement de ce dossier. Lequel se veut un peu plus incisif sur "l'inertie administrative".
"Ca dure depuis des
années. On nous balade ! On nous a promis l'installation d'une
armoire répartitrice pour amener la fibre optique mais il n'y a
toujours rien de concret.
Au Conseil Général, on nous
répond que "le dossier est à l'étude" depuis janvier
2012 !
Il faut un an d'étude pour
installer une armoire?
C'est incompréhensible !
Nous avons dans notre village des
entrepreneurs, des artisans, des parents d'élèves qui me demandent
presque chaque semaine où en est-on.
Du coup, je ne sais plus quoi leur
répondre ... " explique-t-il, fataliste mais toujours déterminé
à apporter à sa commune, "simplement un débit internet
convenable".
"C'est assez frustrant de
rester dans notre situation lorsqu'on sait que la fibre optique passe
à quelques centaines de
mètres, au rond-point de Parcey ...
Morceaux choisis...
Des interrogations auxquelles le
premier élu jurassien, Christophe Perny en personne, apporte tout de
suite réponse.
Rassurant, celui-ci reconnait
"quelques cafouillages avant nous" mais se dédouane des
retards accumulés précisant que désormais, la balle est dans le
camp de France Télécom.
"Nous avons pris le temps
d'une intense réflexion par rapport aux options techniques afin
d'offrir un service de qualité et suffisamment performant aux
jurassiens.
France Télécom a maintenant
tous les éléments pour se mettre au travail! Je ne vois pas ce
qu'ils attendent...".
Sur le plan purement administratif, effectivement, la délibération a été voté en Juin 2012, les crédits ont, par ailleurs, été inscrits au budget (200.000 euros par commune pilote). Dont acte.
"Ensuite, pour les autres,
nous appliquerons des solutions chirurgicales,
selon les particularités de notre territoire. Satellite ou fibre
optique, nous aviserons.
Cela dit, l'Etat doit nous
apporter son soutien (50%) si l'on veut pouvoir respecter l'objectif
du très haut débit pour tous, d'ici 2022".
Pour Pascal Minguet,
Vice-Président de Net-Iki,
association née du collectif de lutte contre le bas débit créée
en 2007 à Biarne et Jouhe, "il y a urgence !"
"Que les collectivités locales mettent enfin les mains dans le cambouis pour nous apporter l'internet haut débit c'est bien, mais ce n'est pas à eux de le faire.
Les grands opérateurs privés
mettent en concurrence les départements entre eux. C'est un peu
comme si l'on finançait des autoroutes (privées) pour aller chez
les particuliers ... ".
Selon le consultant, spécialiste du numérique et des nouvelles technologies, les emplois de demain passent par l'internet. "On le voit notamment aujourd'hui avec la e-santé, la e-médecine, l'éducation.
Même les agriculteurs doivent faire leurs déclarations par internet.
Mais il faut agir vite!
Sinon dans quelques années, on
aura des déserts dans le Jura. L'argent, on l'a si on le veut
vraiment...".
Sans compter que l'installation de la fibre optique ne coûterait pas plus d'un euro le mètre.
Enfin, Serge Dentan, interlocuteur
de France Télécom auprès des collectivités territoriales,
s'étonne de l'impatience dont semble faire part l'ensemble des
protagonistes.
"Je sais qu'il y a une
volonté du département jurassien de montée en débit, et des
projets d'investissement en cours, nous avons d'ailleurs des
rencontres régulières avec l'équipa du Conseil Général.
Mais
la réalisation pratique effective devra encore attendre.
Tout
simplement, puisque les consultations sont encore en cours. Tout
comme les études techniques. Tant que les appels d'offres ne sont
pas officiellement lancés et que les délais ne sont pas respectés
(l'ARCEP nous y contraint) nous ne sommes pas (encore) concernés. En
revanche, je vous affirme que nous disposons du savoir-faire
technologique
pour rapidement intervenir et solutionner cette problématique ... ".
Contractuellement, depuis sa privatisation, le groupe France Télécom n'est pas tenu d'amener obligatoirement internet. chez ses abonnés, Seul le téléphone fixe est "dû".
Le serpent semble donc se
mordre la queue ...
Espérons que cette mise en
lumière d'échos contraires émanant des principaux décideurs
du dossier apportera un peu d'avancée sur ce "casse-tête".
Et par là même, un véritable
dénouement de la situation actuelle qui semble engluée dans les
méandres juridico-technocratiques.
Pendant ce temps-là, des milliers
d'abonnés attendent toujours
devant leur écran, un accès' leur permettant de bénéficier
des technologies numériques au même niveau (débit) que leurs
voisins des villages environnants.
Pour encore combien de temps?
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